Publié le 9 mai 2024
En Côte d’Ivoire, les déchets organiques et agricoles sont estimés à 15 millions de tonnes par an, une opportunité pour les acteurs des énergies renouvelables. D’ailleurs, une technologie a été mise en place à travers l’espèce, la « mouche soldat noire », pour la transformation de ces déchets organiques. Il s’agira donc pour ces insectes de transformer les déchets organiques en larves, puis en ressources précieuses comme la poudre d’engrais, l’huile cosmétique et les protéines.
La Fondation Africa Circular Economy Network (ACEN) a organisé un atelier de formation et d’échanges à Abidjan-Cocody, le mardi 7 mai 2024, dans le but de sensibiliser les acteurs concernés sur les avantages et les défis liés à l’implantation de la mouche soldat noire ou Black Soldier Fly (BSF).
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Pourquoi collecter ces déchets organiques ?
La Coordinatrice Afrique francophone pour la fondation ACEN, Nora Monnet a décrit les aspects du projet. « La fondation accompagne les différents pays africains dans la transition de l’économie linéaire à l’économie circulaire. Notre projet dans ce sens concerne les mouches soldats noires. L’idée est de créer un cadre pour promouvoir cette technologie qui permet d’éradiquer le problème des déchets organiques en Côte d’Ivoire« , apprend-elle.
Et, si la Côte d’Ivoire est ciblée par le projet, « c’est avant tout un pays agricole, où l’on retrouve beaucoup de déchets agricoles qui sont produits, et beaucoup d’élevages qui produisent également des déchets. La poubelle ivoirienne est composée à 60% de déchets organiques. Ces déchets organiques, lorsqu’ils se décomposent, émettent du gaz responsable du réchauffement climatique. Ce gaz à effet de serre est encore plus responsable du changement climatique, contenant du dioxyde de carbone. Dans ce sens, il faut apporter des solutions pour maximiser les différentes technologies, afin de régler le problème, en créant de la richesse et en faisant du business« , explique-t-elle.
Les multiples opportunités liées au BSF...
La mouche soldat noire sert déjà à créer de la protéine pour l’élevage et la production d’engrais. « Dans le contexte économique du pays, il y a plusieurs modes de business dans ce domaine. La reproduction des mouches soldats noires crée du business ; on peut simplement vendre les œufs ou les larves à des gens qui en ont besoin. Ces larves transforment les déchets en farine ou en huile selon le produit final que l’on souhaite obtenir et le type d’élevage que l’on pratique. » Selon la Coordinatrice Afrique francophone de la fondation, la technologie est accessible à tous.
« Dans le projet, nous allons élaborer un guide pour toutes les personnes qui souhaitent se lancer dans le business, afin qu’il soit accessible à tout le monde. Les zones où nous pouvons installer ces fermes sont déterminées par les réalités climatiques. Nous allons poursuivre les échanges avec les parties prenantes pour essayer d’identifier un à deux sites que nous allons proposer pour potentiellement réaliser un projet pilote« , ajoute-t-elle.
Les défis…
Pour l’organisation, l’enjeu est d’abord de collecter ces déchets de manière saine en Côte d’Ivoire, puis de sensibiliser les populations et de réduire le coût des aliments. « Le défi réside dans la sensibilisation des populations. Il faut qu’elles acceptent, sur les marchés, de donner leurs déchets. Il est également question de réduire le coût du porc, du poulet et de tout autre type d’élevage nécessitant de l’engrais ou des protéines. Si ces larves et ces protéines sont accessibles à moindre coût, cela facilitera la consommation et l’achat des particuliers« , conclut Monnet Nora.
Le savoir-faire de cette technique sera fourni par Eclose GmbH et d’Eawag, des leaders dans la technologie BSF, en collaboration avec des experts locaux de la fondation ACEN, supervisés par son directeur de programmes. La Black Soldier Fly (BSF) ou mouche soldat noire est un insecte originaire du continent américain, riche en nutriments. Elle représente une source d’alimentation alternative extrêmement intéressante pour différentes filières d’élevage, notamment les poules, les poissons, les crevettes et les cochons.
Bekanty N’ko