Publié le 19 juin 2024
Les manifestations tenues en France, le samedi 15 juin 2024 contre l’extrême droite ont suscité de nombreux commentaires, dont celui de l’auteur de la page Facebook « Mon histoire à coeur ouvert« .
Dans une publication parue le jour même des manifestations, ce dernier atteste ceci : « Près d’un million de manifestants dans les rues partout en France et principalement à Paris ! Situation confuse en France, nous appelons les uns et les autres à la retenue, tout en invitant le gouvernement français à prioriser la volonté du peuple. Vous ne verrez pas nos médias dits professionnels publier ça en boucle. Mais il fallait que ce soit une situation en Afrique. » Cette publication, qui comporte un chiffre erroné concernant le nombre de manifestants et utilise des photos décontextualisées, démontre visiblement une volonté de dramatiser la situation politique en France et de manipuler l’opinion publique. En témoignent les commentaires qui en découlent.
Les chiffres officiels et la véracité des images
S’il est vrai que des manifestations contre l’extrême droite se sont déroulées le week-end dernier dans différentes localités en France, les chiffres officiels et relayés par la presse n’atteignent pas le million.
Selon la Confédération Générale du Travail (CGT), 640.000 personnes ont manifesté en France dont 250.000 à Paris. Le ministère de l’Intérieur français, lui, a comptabilisé 250.000 personnes. La préfecture de police a, à son tour, totalisé 75.000 manifestants dans la capitale.
De plus, quatre photos utilisées pour l’illustration des propos sont décontextualisées. Des recherches d’images inversées via “Google Images” ont permis d’en savoir davantage. Ces illustrations proviennent de divers contextes. Il s’agit notamment de la manifestation du comité Vérité et Justice, à paris le 2 juin 2020, soit quelques jours après le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd, de la mobilisation des “gilets jaunes” du 8 décembre 2018, et de la réforme des retraites en France en mars 2023.
Les raisons de ces manifestations contre l’extrême droite
Après la défaite de la majorité présidentielle et le résultat historique du Rassemblement National aux élections européennes du 9 juin 2024, le président français, Emmanuel Macron, a procédé à la dissolution de l’Assemblée nationale. Il a ensuite annoncé la tenue de nouvelles élections législatives les 30 juin et 7 juillet 2024.
Suite à cela, les syndicats, associations et coalition de gauche du « Nouveau Front populaire » ont appelé à descendre dans la rue, pour avoir un résultat différent aux prochaines élections législatives.
Pour eux, la prise de pouvoir par le Rassemblement national serait un grave danger, car ledit parti légitimerait davantage le racisme, l’homophobie, et réprimerait encore plus les minorités…
L’extrême droite gagne du terrain en France
L’extrême droite en France, représentée principalement par le Rassemblement National (RN), gagne du terrain pour diverses raisons selon les analystes politiques. Au nombre de celles-ci figurent le contexte économique, la question migratoire y compris la sécurité.
En effet, la montée des prix et les difficultés économiques alimentent la frustration et la colère, notamment autour des enjeux de pouvoir d’achat et de coût de la vie. Ces questions sont particulièrement sensibles au sein des classes moyennes, qui ressentent fortement l’impact de la crise économique.
Par ailleurs, l’augmentation des flux migratoires, notamment à la suite des conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, a suscité des inquiétudes sur l’identité nationale, la sécurité et l’intégration.
Les partis d’extrême droite ont souvent mis l’accent sur des politiques anti-immigration et sur la préservation des traditions culturelles nationales, attirant ainsi les électeurs inquiets de ces changements.
En outre, les préoccupations concernant le terrorisme, la criminalité et la sécurité personnelle sont souvent exploitées par l’extrême droite pour justifier des politiques plus répressives et une surveillance accrue.
La dissolution de l’assemblée nationale et les élections législatives en France
Le président Emmanuel Macron a annoncé solennellement la dissolution de l’Assemblée nationale, formalisée par un décret du 9 juin 2024 publié au Journal Officiel le 10 juin 2024. Cette décision fait suite à la performance remarquable du Rassemblement National aux élections européennes du 9 juin 2024, où le parti a obtenu 31,37 % des suffrages exprimés, dominant largement les autres partis, y compris celui du président.
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Selon un membre du Conseil national des barreaux – ancien vice-président de la Conférence des bâtonniers de France, Patrick Lingibé, » cette dissolution vise à résoudre par le recours aux électeurs un désaccord entre le gouvernement et le Parlement, conformément aux principes d’un régime parlementaire. Conformément à l’article 12 de la Constitution, la décision du président de dissoudre l’Assemblée nationale requiert simplement une consultation du Premier ministre, du président du Sénat et du président de l’Assemblée nationale ».
Marina Kouakou